Hier, je suis née...
Errances à bout d'âme... C'est leurs artifices que je chasse, la parure qu'ils sculptent à ma vie que j'efface. Dos au mur, je n'ai que mes mots pour écrire qu'on a volé ma vie. Et je m'invente un coupable à chaque tristesse qui effrite mon âme. A chaque larme j'esquisse une souffrance, et je venge la sècheresse de ces yeux qu'on oublie. A trop en vouloir à ce monde de m'avoir fait naitre, je m'égare loin de ces heures de vérité. Image figée de ma lutte sur cette Terre, un bout de papier chiffonné sur le bord de mes nuits. J'ai écouté les fables de peuples errants, j'ai parlé à leurs dieux, prié leur toute puissance... J'ai posé mon front pour te servir, et si ce n'était pas toi, je ne me suis pas trompé... Mes illusions te voilaient, leurs écrits te peignaient en une esquisse de plénitude, et j'ai fouillé leur théorie du tout pensant combler leurs grossièretés par ta ruse... Hier est encore trop loin... Je n'ai pas toutes les pierres pour me reconstruire, le sable humide reste imprégné après toutes ces heures d'oubli forcé.
Nul besoin de m’évader, aussi loin que mes pas me soulèvent je te vois. Je t’attends depuis que j’ai ouvert les yeux. Je ne t’avais pas oublié, non. Tu es si loin que mes mots n’y peuvent rien… Inspirée de ta quête, j’ai noirci mes doigts d’une encre indélébile. Eux seuls sont les témoins de ces lettres invisibles que j’écris jour et nuit. Chants de mon âme, ils épurent mes pensées de ce supplice… Mais rien n’y fait, je souffre de ta perte. Je pleure un fantôme à mesure que je vois ma raison naitre. As-tu seulement désiré que je te cherche ? Je rejoins la mélancolie des âmes qu’on piétine, en vie trop sages pour dire « je sais », aujourd’hui elles sont lumières pour les enfants de la vérité et ténèbres pour les défenseurs de la crédulité...